ALEXANDRE TOMADAKIS
La Paroisse

Extrait de Témoignage et Pensée Orthodoxes
(Bulletin de la Métropole Grec-Orthodoxe de France) N°2, Paris, 2e trim.1997



Introduction
à la notion de paroisse
Le sujet est vaste ; nombreux sont ses aspects. Il est hors de question de prendre la paroisse au sens exclusif de subdivision territoriale, géographique ou administrative. Elle est avant tout regroupement, réunion d'hommes, les fidèles ; elle est en même temps, de par son existence seule et son activité canonique le moyen qui unit les fidèles à l'ensemble plus vaste que nous nommons l'Église, celle-là même que Saint Paul et tout l'enseignement de la Théologie orthodoxe appellent "Corps du Christ".
La paroisse est, par conséquent, l'élément fondamental, l'unité dirions-nous, d'un très large ensemble humain. Elle exprime de plus, simultanément, le sens universel et diachronique de cet ensemble ; elle le fait même de manière parfaite dès que son activité est canonique. La paroisse exprime, en d'autres termes, aussi bien le rassemblement d'un groupe de chrétiens en un point de l'espace et du temps que le caractère universel de l'Église, laquelle se trouve être tant du monde que hors du monde.

Historique
1. Analogie intéressante.
Il existe une analogie, extrêmement intéressante et riche d'enseignement, entre la constitution des premières églises chrétiennes, la constitution aussi des colonies et paroisses grecques à travers le monde, et la fondation des paroisses de notre Métropole.

2. La fondation des paroisses en France
et leur évolution.
De la même manière que partout dans le monde où, depuis l'Antiquité, la présence de l'élément hellénique est attestée, qu'il soit nombreux ou peu nombreux, les premières paroisses en France furent fondées par le rassemblement d'une colonie grecque autour d'un lieu de culte. Le rassemblement devient en règle générale stable et la colonie trouve son organisation définitive avec l'édification d'une église. L'édification de l'église, ou, s'agissant d'une colonie importante, d'une première église, est habituellement synonyme de l'organisation définitive de la colonie. La fréquentation régulière de l'église qui se trouve ainsi inaugurée constitue le lien principal, et le plus permanent, entre les membres de la colonie.

II. Statut juridique
1. En général.
La diversité même des dénominations, titres ou statuts juridiques, démontre à elle seule que la paroisse est, par nature, la vie même d'une colonie. Qu'elle s'appelle communauté, colonie, association (association cultuelle notamment) ou encore autrement, la paroisse constitue dans tous les cas un organisme vivant et un membre vivant d'un organisme vivant plus vaste encore qui est l'Église.

2. Selon la législation française.
Nos paroisses sont régies par la législation française et plus précisément par la loi de 1901 sur les associations ainsi que celle de 1905, dite de séparation de l'Église et de l'État ; cette loi traite de l'entretien des lieux de culte en général ; elle elle en confie le soin à des associations de la loi de 1901 dites "associations cultuelles", ce qui signifie chargées de l'organisation et de l'entretien des lieux de culte.

3. Obligations légales de nos paroisses.
Nous rappelons à ce propos que dès le dépôt initial des statuts de la Métropole par le premier Métropolite, Monseigneur Mélétios d'éternelle mémoire, avait été proposé une harmonisation des statuts de toutes les paroisses à l'aide de statuts-type à adopter par chaque paroisse qui devait ensuite en faire le dépôt auprès de la Préfecture territorialement compétente.

III. Statut ecclésial
1. Lois humaines et témoignage en Christ.
Par l'Église, qu'elle soit prise dans son ensemble au niveau universel ou qu'elle soit prise comme une simple paroisse, s'exprime le Verbe incarné de Dieu ; le souffle qui l'anime n'est autre que l'Esprit - Saint Lui-même.

2. Statut ecclésial en général.
La paroisse, à savoir l'église membre indissociable de l'Église, ne saurait ainsi se concevoir sans ce lien qui fait sa cohésion à travers le temps et l'espace, la succession apostolique. La paroisse ne peut se concevoir sans dépendance, tant spirituelle qu'administrative, d'un évêque.

3. Le Patriarcat Œcuménique.
Lors de la constitution des premières paroisses, au cours du siècle précédant et au début du siècle finissant, il n'y avait point d'évêques orthodoxes en Europe Occidentale. Il fut donc fait application de manière automatique, immédiate et de plein droit du 28e canon du IVe Concile Œcuménique de Chalcédoine lequel stipule que toute région ne dépendant pas d'un autre Patriarcat ni d'une autre Église autocéphale dépend du Patriarcat Œcuménique.

4. Organisation ecclésiastique de l'Europe occidentale.
En 1919, le Patriarcat Œcuménique fonda la Sainte Métropole de Thyateire, transformée plus tard en archevêché, sous l'autorité de laquelle furent placées toutes les paroisses de l'Europe Occidentale.
En 1963 fut créée par acte patriarcal et synodal la Sainte Métropole de France et en 1964 l'évêque Mélétios fut élu Métropolite de France par le Saint Synode. Quand, en 1988 il démissionna pour raisons de santé fut élu par le Saint Synode du Patriarcat Œcuménique l'actuel Métropolite de France, notre père spirituel très respecté et bien-aimé, Monseigneur Jérémie. Nous savons que depuis dix-sept ans, c'est à dire depuis 1971, il était déjà évêque auxiliaire du Métropolite Mélétios.

5. Le système métropolitain.
Dans ce système toutes les paroisses dépendent d'un Métropolite qui peut avoir un ou plusieurs évêques auxiliaires. Cette relation directe avec le Métropolite, d'ordre spirituel avant tout mais aussi administratif, exprime l'unité et la cohésion de l'Église que nous avons définies un peu plus tôt. Par cette relation directe et continue avec le Métropolite chaque paroisse est un membre indissociable de la Métropole mais aussi de l'Église en général. Les paroisses font partie de la Métropole, les Métropoles ou Archevêchés font partie de la Grande Église du Christ, c'est à dire du Patriarcat Œcuménique de Constantinople, et toutes les Églises Orthodoxes sont membres de la même et unique Église du Christ.
Ce système métropolitain exprime de plus, le seul sens concevable du point de vue ecclésiastique de l'expression "église locale" que l'on entend et que l'on lit sans qu'elle ait toujours un sens précisément défini. Par "église locale" l'on doit entendre l'ensemble des paroisses placées sous l'autorité d'un Métropolite canonique sans aucune discrimination entre elles, que cette discrimination porte sur le lieu, la langue, l'origine des fidèles, le nombre des évêques placés sous l'autorité du Métropolite ou sur tout autre facteur.

IV. Obligations des Paroisses
De tout ce qui procède s'ensuit que nos paroisses, étant les membres de ce corps qui a nom Métropole, ont, par nature et par nécessité, l'obligation impérative de pourvoir à l'entretien financier de ladite Métropole.
Nous ne devons point, non plus, oublier que, tous, nous sommes nous-mêmes la Sainte Métropole de France, en tant que paroisses comme en tant qu'individus. Disons-nous aussi, qu'outre sa mission envers ses ouailles, comme l'a montré la récente visite Patriarcale, la récente réorganisation de la Conférence épiscopale des évêques orthodoxes sous la présidence de son Éminence notre Métropolite et une foule d'autres événements que nous suivons et qui doivent nous emplir de joie et de fierté la Sainte Métropole de France a encore une autre mission considérable dans le domaine des relations entre chrétiens et de la représentation de l'Orthodoxie en général.
Définir un moyen d'action efficace pour aider financièrement notre Métropole est donc une urgence. Toute offre est la bienvenue et toute idée peut être discutée !
V. Autres institutions de la
Sainte Métropole de France
D'autres institutions de la Métropole sont essentiellement les fondations et les saints Monastères : il faut, à propos de ces derniers, souligner deux points qui, tous deux, constituent pour notre Métropole un objet de grande fierté en Christ. Le premier est qu'elle est l'une des rares Métropoles, hors des pays de tradition orthodoxe, à disposer de saints Monastères ; l'autre point est que le Monachisme constitue précisément une tradition vieille et importante de l'Orthodoxie.
Selon cette tradition de l'Église Orthodoxe et conformément à l'esprit et au mode de fonctionnement du système métropolitain tel que nous l'avons exposé, les Monastères situés dans la compétence territoriale de la Métropole sont placés sous son autorité.

Conclusion générale
Une seule chose importe, toujours la même très précisément : la vie et l'action de notre Métropole. Cette vie —nous l'avons vu— est, pour tous sans exception, notre témoignage en Christ. Que nous présentions à titre individuel, comme paroisses, saints Monastères ou sous quelque autre qualité que se soit, nous sommes tous —dans notre Sainte Métropole de France et par elle— membres de l'Église ... L'urgence s'impose à nous aujourd'hui de mesures simples et claires, propres à assurer la participation de tous, régulière, effective et efficace, en proportion des possibilités de chacun, à l'œuvre de notre Métropole qui est de la plus haute importance.
 

 

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