QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA DIVINE LITURGIE
Communication du Grand Protopresbytre du Trône Œcuménique
père Georges Tsetsis
à la Synaxe Cléricale de la Métropole grec-orthodoxe de France (14/3/2000).



Le fidèle orthodoxe reçoit de l'Église et dans l'Église tout ce qui façonne sa physionomie spirituelle et tout ce qui nourrit sa vie. Il est en effet appelé à s'épanouir dans une spiritualité ecclésiale et liturgique. En l'Église il se trouve constamment en contact avec les vérités fondamentales de la vie chrétienne et, en particulier, avec les grands dogmes trinitaires et christologiques du christianisme.
L' atmosphère sacrale des offices byzantins, la continuelle méditation des grandes vérités dogmatiques, des perspectives les plus essentielles de la vie spirituelle évoquées par les hymnes, font de la vie liturgique une magnifique catéchèse christologique et trinitaire. L'Église apparaît ainsi comme une présence vivante, livrant pour la nourriture de ses enfants les éléments constructifs de sa tradition, les textes de la Liturgie et les écrits des Pères.
Le regretté Paul Evdokimov, dans son livre bien connu "L'Orthodoxie", faisait la remarque suivante : "Si les Églises orthodoxes sont si pleines de lumière, de chaleur, d'intimité, c'est que chaque point des murs est animé et représente le ciel. Ainsi, l'homme se trouve en communion avec ses propres aînés, les anges, les prophètes, les apôtres, les martyrs et les saints ; l'homme est véritablement en visite chez Dieu et dans le ciel. A travers l'icône, le culte liturgique, les rites qui participent tout naturellement aux détails de la vie quotidienne, la Bible devient étonnamment vivante et le ciel tout proche, intime, presque palpable."
L'ensemble des offices liturgiques de notre Église est composé des passages des Écritures Saintes, des Psaumes, des Litanies, des prières au contenu historique et dogmatique, ainsi que des hymnes et des chants sacrés qui relatent la vie des Saints.
II va de soi néanmoins que le centre de la vie cultuelle et le point culminant du cycle liturgique quotidien est la célébration de la liturgie eucharistique, toute autre forme liturgique étant une sorte de préparation pour participer aux "saints, purs, immortels, célestes, vivifiants et redoutables mystères du Christ" comme l'affirme Saint Jean Chrysostome. Ainsi les heures, les vêpres, les complies, les nocturnes, les matines sont une sorte de prélude qui prépare le fidèle à participer à la célébration de la Divine Liturgie.

La Divine Liturgie, en tant que sacrement suprême de l'Église, contient l'image la plus expressive du salut, et constitue la plus vivante image de l'Incarnation ; et formant un ensemble homogène, dès la Proscomidie jusqu'à l'Amen final, elle perpétue l'unique Repas du Seigneur donné aux Apôtres avant la Croix.
La Divine Liturgie est notre remerciement (eucharistia) à Dieu pour son œuvre rédemptrice qui a été accomplie pour la libération et le salut de l'homme. Elle nous permet aussi la communion des biens de la Croix et notre participation au corps glorifié du Christ ressuscité.
Au cours de son dernier repas avec ses Apôtres, le Seigneur a fait deux gestes symboliques. D'abord, en distribuant le pain rompu et en le présentant comme son corps, il voulait signifier que le sacrifice de sa vie serait le seul moyen par lequel le Royaume de Dieu serait réalisé. Ensuite, en distribuant la coupe à ses disciples et en déclarant qu'il n'en boirait plus avec eux avant que ce soit dans le Royaume de Dieu réalisé, il voulait affirmer que, malgré le drame qui était imminent, ce qu'il avait annoncé aurait son accomplissement.
Ces deux actes du Seigneur signifiaient le début du Mystère célébré par l'Église, tandis que la participation de ses disciples au Repas qu'il offrait, manifestait le début de l'existence de l'Église même, ce Corps du Christ uni et indivisible.
Ce Corps mystique a été créé sur la Croix par le Seigneur lui-même, "notre paix, lui qui des deux n'en a fait qu'un, et qui a renversé le mur de la séparation, l'inimitié, ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances, dans ses prescriptions, afin de créer lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix, et de les réconcilier, l'un et l'autre, en un seul corps, avec Dieu par la Croix, en détruisant par elle l'inimitié." (Eph. 2,15-16)
Toutes les Liturgies de l'Église orthodoxe, excepté la Liturgie des Dons Présanctifiés, ont trois parties bien distinctes, mais qui forment un ensemble organique. Prenons comme exemple la Liturgie de Saint Jean Chrysostome, qui est la plus souvent célébrée.

La première partie est la Proscomidie. Il s'agit d'une préparation à la Liturgie, durant laquelle l'Église commémore la période préliminaire de la vie de Jésus, qui était en quelque sorte le prélude de son œuvre, de sa passion, de sa mort et de sa Résurrection. La Proscomidie a lieu dans un endroit spécial appelé Prothèse, et qui se trouve à gauche de la Table sainte. La Prothèse est d'habitude une petite voûte creusée dans le mur de la grande voûte du chœur, et représente la grotte où naquit le Christ. C'est pourquoi dans la prothèse il y a toujours une fresque ou une icône de la Nativité. Le célébrant en préparant les Dons précieux, récite le tropaire suivant, qui exprime l'espérance vétérotestamentaire de l'avènement du Messie, et qui annonce le salut et la régénération du genre humain :
"Prépare-toi, Bethléem ; l'Éden s'ouvre à tous ; dispose-toi, Ephratha, parce que l'arbre de la vie fleurit de la Vierge dans la grotte. Car son sein est devenu un paradis spirituel, où est planté l'arbre divin par lequel nous vivons, si nous en mangeons au lieu d'en mourir comme Adam. Le Christ vient au monde pour relever son image déchue."
Après cette proclamation de l'avènement du Messie et l'annonce de notre salut, le célébrant passe à l'oblation. Cet office est un petit drame réaliste très condensé qui reproduit l'immolation de l'Agneau donnant ainsi un schéma du sacrifice qui va s'accomplir durant la Liturgie ... Le prêtre prend le pain, prépare et enlève une parcelle appelée l'Agneau, et la met sur la patène. Cet oblat symbolise le Christ l'Agneau de Dieu immolé, celui qui enlève les péchés du monde. Puis il verse le vin... Ensuite il enlève les autres oblats en mémoire de la Vierge Marie, des Anges, des Prophètes, des Martyrs, des Docteurs de l'Église, ainsi que des oblats pour les vivants et les morts, donnant ainsi une image symbolique de l'union de l'Église visible et invisible en Jésus Christ. C'est la figure parfaite de l'Église qui couvre le ciel et la terre, atteint les absents et les morts, récapitule l'univers de Dieu, l'oekoumène, en un tout vivant.

Après l'oblation, nous passons à la Liturgie des Catéchumènes, à la Liturgie de la Parole. Cette partie de la Liturgie est une préparation des fidèles à recevoir l'Évangile, la Bonne Parole du Seigneur. La procession de l'Évangéliaire parmi les fidèles, dite "Petite entrée", symbolise le commencement de la vie publique de Jésus. La Liturgie de la Parole se termine avec la lecture de l'Épître et de l'Évangile. Venu parmi nous, le Christ nous délivre son message évangélique et nous invite à recevoir la lumière de sa divine connaissance.

La troisième partie de la Divine Liturgie, la Liturgie des Fidèles ou la Liturgie Eucharistique, est une actualisation de l'histoire de la Passion qui s'achève avec la Résurrection du Seigneur et sa victoire sur la mort. Elle commence par la procession des oblats, appelée en langue liturgique la "Grande Entrée", et par leur déposition sur la Table Sainte. Cette procession solennelle des oblats symbolise l'entrée du Christ à Jérusalem et sa marche vers le Golgotha. Elle s'achève avec la déposition du calice et de la patène sur la Table Sainte. Cette déposition est le symbole de la Passion et de la mort du Seigneur. En déposant le calice sur l'autel le prêtre récite la prière suivante :
"Le noble Joseph ayant descendu de la croix ton corps très pur, l'enveloppa d'un linceul immaculé et de parfums, puis le déposa dans le sépulcre neuf."
Puis le prêtre couvre le calice d'un voile qui symbolise le linceul et encense les Dons offerts, figurant ainsi les aromates qui avaient couvert le corps de Jésus.
Ici j'aimerais faire une parenthèse afin de consacrer quelques mots à la signification de l'encensement. L'offrande de l'encens est une forme spiritualisée d'un acte liturgique. La fumée de l'encens a la signification symbolique de notre prière qui monte vers Dieu. Il s'agit d'une tradition liturgique du peuple hébreu. Dans l'Ancien Testament, la fumée des sacrifices et de l'encens était le symbole de la prière montant vers Jahvé, portée devant lui par les anges intercesseurs. La signification de l'encens est bien toujours la même dans le culte chrétien : une fumée agréable qui monte devant Dieu, symbole de prière, d'adoration et de supplication. Le psaume 140 exprime merveilleusement cette prière :
"Seigneur, je t'appelle, accours vers moi, écoute mon appel quand je crie vers toi. Toute ma prière, encens devant toi, l'élévation de mes mains, oblation du soir."
On ne peut lire ce psaume sans penser au sacrifice de la croix et à l'Eucharistie qui proclame la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il revienne.

Après avoir donné le baiser de la paix et prononcé le symbole de la foi, tous les deux nécessaires pour approcher des mystères célestes et participer au corps du Christ, nous passons à l'Anaphore qui est le point central et culminant de la Liturgie eucharistique.
L'Anaphore commence par la bénédiction solennelle et trinitaire "Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, et l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. Amen". L'Anaphore est une prière eucharistique à la Trinité. Action de grâce à Dieu le Père qui nous a donné l'être et nous a prédestinés à la vie éternelle ; action de grâce au Fils qui est venu nous sauver en se sacrifiant et en versant son sang pour nos péchés ; action de grâce au Saint-Esprit qui va descendre sur les Dons et sur l'Église. Suit l'Anamnèse, le mémorial du sacrement avec la répétition des paroles institutrices du Christ, ainsi que l'Épiclèse, l'invocation du Saint-Esprit pour le miracle eucharistique :
"Nous t'invoquons, nous te prions, nous te supplions, envoie ton Esprit saint sur nous et sur ces Dons ici présents et fais de ce pain le précieux Corps de ton Christ, et de ce qui est dans cette coupe le Sang précieux de ton Christ, les changeant par ton Saint-Esprit."
Après la consécration, la prière d'intercession et la fraction de l'Agneau, l'officiant communie et ensuite il invite les Fidèles à participer à leur tour au Repas du Seigneur.
Ici, on devrait peut-être s'arrêter un peu sur la manière avec laquelle nos fidèles devraient s'approcher du Saint Calice.

L'Eucharistie, bien qu'elle garde sa place centrale dans la vie du fidèle, est en vérité un acte de la Communauté ecclésiale dans son ensemble. Elle n'est pas un acte personnel. La Liturgie va au delà de notre piété personelle car, en fait, elle est une fête de l'Église. Ce n'est pas l'individu, mais l'Église dans son ensemble qui se trouve unie à Dieu.
Le premier présupposé pour approcher le calice est d'être conscient du fait que la communion n'est pas seulement un acte qui nous transforme en participants au corps et au sang du Christ, mais un acte qui, en même temps, unit les fidèles entre eux. La Liturgie nous fait vivre cette vérité évangélique selon laquelle le salut d'une âme détachée des autres n'est guère possible. Ce n'est pas par hasard que, dans les prières liturgiques, le verbe est toujours utilisé au pluriel (nous prions, nous supplions, nous offrons, nous rendons grâce).
Le deuxième présuppose est de prendre conscience que le moment de la communion est inséparable du reste de la célébration. La communion liturgique est la conclusion de la marche du fidèle avec le Christ, une marche qui, pendant l'heure et demie que dure la Liturgie, récapitule toute l'histoire du salut. Par conséquent, une condition pour la communion au Corps et au Sang du Christ, est la présence du fidèle pendant toute la durée de la Liturgie. C'est ainsi seulement que notre participation au Mystère prend un sens. C'est ainsi que les fidèles deviennent de véritables "co-célébrants" et participants à la Mort et à la Résurrection du Christ.
Le troisième présupposé est d'avoir le sentiment profond que la Divine Liturgie n'est pas un spectacle et encore moins une manifestation à caractère social, mais le Mystère qui crée la Communion des fidèles, le corps de l'Église. Par conséquent, leur participation devrait tendre à la création de cette communion des fidèles, qui se réalise exactement par la communion au Corps et au Sang du Christ.
Ceci étant, toutes les fois que la Divine Liturgie est célébrée, nos fidèles devraient participer à la Communion, pourvu qu'ils soient prêts et dignes pour recevoir le Corps et le Sang du Christ. Et quand je dis prêts, je n'entends pas tellement le jeûne avant la Communion, mais plutôt la préparation spirituelle, qui présuppose une pureté du cœur et une relation harmonieuse avec Dieu, avec le prochain et avec soi-même.

Le fidèle étant rempli ainsi de la paix de Dieu et rassasié par la nourriture spirituelle qui lui est offerte dans la Coupe de la Communion, il se présente au monde comme une coupe remplie de la présence divine. Ainsi, avec son témoignage et sa diaconie, il prolonge la Liturgie au delà de l'enceinte de l'Église et devient pour le monde le témoin du Mystère qui a été vécu lors de la célébration de la Divine Liturgie.
La Communion des fidèles terminée, le chœur chante : "Nous avons vu la vraie lumière, nous avons reçu l'Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi, adorant la Trinité indivisible car c'est elle qui nous a sauvés". C'est la lumière qui est répandue du tombeau du Christ ressuscité.
Après la Communion, suit l'élévation du calice qui symbolise l'Ascension de Jésus. La Divine Liturgie s'achève par des Actions de grâce, la bénédiction et la distribution du pain, de l'Antidoron, vestige des agapes paléo-chrétiennes.

La Divine Liturgie, en tant qu'Anamnèse et célébration du sacrifice du Seigneur, revêt une signification œcuménique qui dévient évidente tant par le message de l'Eucharistie même, que par les prières dites pendant la célébration.
Selon Saint Jean Chrysostome, le sang versé sur la croix était le prix de l'univers "timi tis oikoumenis" ( P.Gr. 59,262 ). Déjà la nature universelle du sacrifice divin devient évident par les paroles institutrices de l'Eucharistie par lesquelles Jésus-Christ invita "tous" à participer à la Sainte Cène. Il va de soi qu'en utilisant le mot "tous", Jésus Christ indiquait qu'au Repas Pascal participeraient dorénavant et en premier lieu ses disciples, mais que, d'une certaine manière, le monde entier, en faveur duquel était accompli le Mystère du salut, ne serait pas totalement absent de cette célébration. Comme l'affirme Saint Jean Chrysostome "Jésus Christ fut crucifié entre les deux brigands et invita tous au Paradis" (P.Gr, 61, 690).
La célébration de la Divine Liturgie en faveur non seulement de la communauté offrante, mais aussi pour le salut de l'univers entier, était un acte très ancien de l'Église comme en témoignent les plus vieux textes liturgiques tels que la Didaché (IX, 1-4, X, 1-5), la Liturgie de Clément (Ordres Apostoliques, VIII, l), la Liturgie alexandrine de Saint Grégoire le Théologien, et l'Anaphore de Saint Jacques.
Ainsi, nous voyons que l'Église des premiers siècles est sérieusement préoccupée par les divisions dans le Corps de l'Église. C'est pourquoi, elle exprimait cette préoccupation dans sa liturgie en priant, non seulement pour "la sainte Église universelle et apostolique se trouvant d'une extrémité à l'autre extrémité du monde" mais aussi "pour la cessation des schismes et des frémissements des hérésies". Il faut noter que ces prières reviennent avec presque les mêmes termes dans toutes les anciennes Anaphores.
Ainsi, dans l'Anaphore de St. Jacques, nous constatons que, pendant la consécration des Dons, l'officiant prie ainsi : "Aie pitié de nous selon ta grande bonté et envoie sur nous et sur ces dons ici offerts ton Esprit Saint, qui est descendu sur les Saints Apôtres sous la forme des langues de feu dans la chambre haute de la sainte et glorieuse Sion, le jour de la sainte Pentecôte". ll me semble que, par cette phrase, nous pouvons mieux concevoir le caractère universel de l'Anaphore. Car, l'événement du jour de Pentecôte, ainsi que l'homélie catéchétique de St. Pierre, étaient précisément les premiers appels missionnaires de l'Église. "Lorsqu'il distribua les langues de feu, il appela tous les hommes à l'unité", comme dit le kondakion de la fête de Pentecôte. Cette prière eucharistique se termine ainsi : "Nous t'offrons ce culte pour la sainte et glorieuse Sion, mère de toutes les Églises, et pour ta sainte Église catholique et apostolique se trouvant sur tout l'univers ... Souviens-toi de nous, Seigneur, aie pitié de nous, donne la paix à ton peuple, éloigne les scandales, abolis les guerres, fais cesser les schismes des Églises, renverse promptement les révoltes des hérésies".
Ces mêmes termes reviennent dans l'Anaphore de Saint Basile. "Mets un terme aux schismes des Églises, étouffe les grondements des nations arrogantes. Par la puissance de ton Esprit saint, hâte-toi de mettre un terme aux révoltes des hérésies", tandis que dans l'Anaphore de Saint Jean Chrysostome, nous offrons "ce culte spirituel pour l'univers (oikoumene), pour l'Église sainte, catholique et apostolique".
Comme nous l'avons déjà mentionné, dans toutes les Anaphores, notamment pendant l'Anamnèse et l'Épiclèse, nous utilisons le pluriel, par exemple : "nous offrons", "nous remercions", "nous nous souvenons", "nous prions", etc. L'usage du pluriel met en évidence l'unité de l'Église offrante, mais aussi l'unité et la plénitude universelle de l'Église. Car chaque Liturgie est célébrée en communion avec l'Église universelle et en son nom. Mais, comme l'économie divine a été accomplie pour le salut du monde entier, il va de soi que l'Eucharistie en tant que célébration perpétuelle du sacrifice du Seigneur, est offerte non seulement pour l'Église offrante, mais aussi pour le salut de l'univers entier.
Nous trouvons cette même idée chez Saint Cyrille de Jérusalem qui affirme que : "Après avoir achevé le sacrifice spirituel nous prions Dieu pour la paix commune des Églises et la stabilité du monde". Nous la trouvons aussi chez Saint Jean Chrysostome qui dit que "c'est une loi ancienne de l'Église de remercier pour les autres. Ainsi Paul remercie pour les Romains, pour les Corinthiens, pour tout l'univers. Les lois de l'Église ordonnent de prier non seulement pour les fidèles, mais aussi pour les catéchumènes, ... bien que les catéchumènes ne fassent pas partie du Corps du Christ, n'ayant jamais reçu de sacrements, et étant encore séparés du troupeau spirituel" (P.Gr 61,399).
Ainsi, nous constatons que, selon Saint Jean Chrysostome, la prière pour les autres est imposée, même s'ils ne sont pas membres de l'Église. Cette vérité est corroborée également par un liturgiste incontesté, Saint Nicolas Cabasilas, qui nous interpelle en enseignant "qu'il ne faut pas seulement prier pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres, par la loi de l'amour" (Explication de la Divine Liturgie, P.Gr 150,400).
Pour conclure, on peut affirmer sans hésitation que la Divine Eucharistie est offerte en premier lieu pour la sanctification de la communauté qui présente l'offrande et participe à la même coupe, tout en incluant néanmoins le reste de l'humanité en faveur de laquelle a été accompli le sacrifice du Seigneur.

 

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